La rue pavée de cendres

Alors là, si je n'étais pas mort depuis presque un an déjà, j'aurais sans doute été touché par la naïveté de ce gars.
...
Non, en fait, c'est plutôt "si je n'étais pas aussi agacé".
Il a l'air à la fois triste et effrayé. Je comprends pourquoi il a peur, si je suis son premier fantôme. Waoh, la situation est exceptionnelle ! C'est rare, quelqu'un qui n'a jamais vu d'esprit, dans ce village. Si c'est le cas pour lui, je vais faire en sorte qu'il n'oublie pas cette rencontre. Je m'amuse bien, là, à lui faire peur rien qu'en le regardant. Quant à savoir pourquoi il a l'air si mélancolique... je vais mettre ça sur le compte de ce lieu. Vraiment, l'ambiance a de quoi donner des envies de suicide à un éléphant. Sérieux.
Bon, celui là, il a du cran. Le voilà qui m'interroge. Pour le coup, j'ai même plus envie d'être méchant. Un autre jour peut-être. Là, j'ai des scrupules. Il a une tronche trop perturbée, et moi, m'acharner sur les chagrins ambulants, c'est pas mon fort. Esprit frappeur, oui, esprit cruel, non.
Hem hem, alors... Avant de lui répondre, je vais lire un peu dans ses pensées. Ca a jamais réussi, mais bon.
...
Ben mince, j'arrive pas. Toujours pas. Tant pis. Je me jette à l'eau ?

Tin fixa son interlocuteur de ses grands yeux de revenant, puis il répondit d'une voix neutre, signifiant par là que s'étendre sur le sujet de sa mort le passionnait autant que l'alimentation sous-marine de la langouste tâchetée -c'est à dire, pas du tout:
- Ouais.
Il pointa vaguement un doigt pâle vers les bâtiments les plus calcinés, et ajouta de la même voix morne et sans exprimer le moindre sentiment:
- Un peu plus par là-bas, j'crois...
Soudain, il retraversa Edward et revint planter son regard dans ses yeux de vivant:
- T'as jamais vu d'esprit, alors ? Ben tu vas pas être décu, j'espère.
Sur ce, il fit rouler ses yeux vers l'arrière, ne laissant alors voir que deux globes blancs, puis contracta son visage dans une grimace de souffrance hideuse, avant de générer une illusion le mettant en scène en train de se faire dévorer par de hautes flammes. Il répandit une odeur de chair brûlée autour d'eux, et son corps de fantôme sembla partir en lambeaux, s'oxyder et se carboniser, griller comme de la viande crue.
Il était tout simplement en train de mimer sa propre mort, exagérant ça et là quelques détails dans un humour noir parfaitement douteux.
- AAAAH ! A-AAAH ! AU SECOURS, A L'AIDE ! AAAH !
Ses cris d'esprit faisaient écho à ceux qu'il avait lui-même poussé tandis qu'il se consumait vivant. Mais il ne le savait pas. Pas consciemment. Des hurlements parfaitement insoutenables. Il paraissait réellement mourir à nouveau, sous les yeux du jeune adolescent impuissant face à lui.
Puis l'illusion se dissipa si rapidement qu'on aurait pu croire à une hallucination, et son visage lisse de jeune garçon réapparut.
Edward semblait pétrifié, mais pas tant de peur. D'horreur, peut-être ?
Le fantôme éclata d'un rire froid, puis concentra la matière dont il était fait dans sa main droite, et de celle-ci saisit le poignet du brun.
Un étau de glace à la force surhumaine.
Alors, sans s'arrêter de rire, il s'envola dans les airs avec l'adolescent, qui se retrouva ainsi uniquement suspendu par la main, le poids de son corps concentré dans son épaule, à plus de quinze mètres du sol.
- Retiens bien mon nom, pauvre fou: je m'appelle Tin !
Il redescendit légèrement et prit Edward dans ses bras, ce qui lui demandait un intense effort de concentration. Il ne le maintenait pas trop serré cependant. Ca aurait été beaucoup trop difficile (et gênant surtout !), et ses pouvoirs étaient limités et largement insuffisants pour ce genre de prouesse.
- Maintenant, dis-moi le tien, de nom...
Il ricana.
- Ou je te laisse tomber comme une pierre.

C'est ça, ouais. Même si je pouvais, je le ferai pas.

Voilà, j'ai eu ce que je voulais. Il est mort de peur. Peu d'humains supportent la vue du vide, de toutes façons. Le vertige est un monstre qui se tapit plus ou moins en chacun d'eux. Ce que j'aime, c'est écouter les battements de son coeur. De ça j'en suis capable, et ça m'aide à deviner ses pensées. Comme ça, j'ai pu suivre la progression de la peur en lui. Il serait presque attendrissant, là, à se débattre entre mes bras.
Mais bon, s'il pouvait arrêter, ça me faciliterait la tâche, aussi. Quel con. Enfin, il est pas censé savoir que je galère comme un dingue pour être un peu matériel. De toutes façons, quoi qu'il arrive, je ne peux pas le tuer.
Les morts ne peuvent pas faire de mal aux vivants.
Et d'ailleurs, qui aurait envie de le tuer ?! Moi ? Jamais ! Plutôt mourir une deuxième fois. Je serai incapable de faire du mal à quiconque.
Edward ?

Tin baissa les yeux vers son prisonnier aérien, puis murmura doucement:
- Calme-toi. T'as aucune raison de t'attendre à mourir. J'te promets.
Et, une seconde plus tard, il le lâcha. Exprès. Edward chuta immédiatement à une vitesse folle, mais Tin le récupéra in extremis à quelques centimètres du sol. Toute lueur de méchanceté avait disparut de son visage, visage qui n'exprimait maintenant plus qu'une sorte d'amusement. Il affichait une moue espiègle, mais reposa l'adolescent indemne à terre.
- Avoue que t'as bien flippé, Edward.
Il tournoya lentement autour de lui, joueur, puis dit entre ses dents:
- T'en veux encore...?

En fait, j'ai l'impression qu'il a pas peur de moi, mais des conneries que je pourrais lui faire. Quoi ? Je suis pas effrayant ? Ben merde ! Si j'ai même pas la tête de l'emploi, alors... Bon, pourtant, je peux me déformer la tronche. Mais m'enlaidir, en fait... Je trouve que ça va bien comme ça.
Ce gars est courageux. Susceptible, mais courageux. Il prend un risque en me provocant, même s'il risque rien en fait. J'suis qu'un fantôme de carnaval. En plus, je sais même pas où je suis mort précisément. Ce qu'il fait sert donc à rien. C'est juste marrant de le regarder s'exciter sur ce tas de pierres vermoulues qui s'effondrent sous ses assauts.

Tin disparut lentement et, invisible, il se glissa aux côtés d'Edward. Il attendit quelques instants puis il réapparut sous le poing du vivant, qui frappait la maison avec toute la rage de l'humiliation. Tin fixa Edward droit dans les yeux, le regard inexpressif, tandis qu'Edward semblait le battre du fait de sa position. Mais les coups ne faisaient que le traverser et d'ailleurs, l'adolescent vivant sembla s'en rendre vite compte, car il cessa de marteler le corps impalpable de Tin et le mur derrière. Il fixait le revenant d'un air presque dégoûté. Un subtile mélange de peur, de colère, de mépris et de honte se reflétaient dans ses prunelles. Alors le fantôme revint à la hauteur d'Edward et pointa du doigt le mur d'à côté avant de lâcher:
- Il en reste encore un peu là-bas, si tu veux.
Et il se remit à éclater de rire, un rire qu'il amplifia si fort qu'il en emplit l'intégralité de la rue. Ce qui était, finalement, assez impressionnant en soi.

Non mais alors là, ça va pas, là. Ce pauvre type, plus ça va, plus il m'intrigue. Je le trouve plutôt amusant. En tout cas, finalement, c'est beaucoup plus drôle quand il est là que quand je suis tout seul. Je regrette pas qu'il soit venu. Ca faisait tellement longtemps que j'avais plus hanté quelqu'un ! En plus, lui, il a le mérite de rendre le jeu plus intéressant.
Je me demande si... Ouais, bon. Ne soyons pas trop pressé non plus. J'ai beau m'escrimer à le faire partir, il reste. Ce qui me fait bizarre, c'est que je trouve ça si... cool. Woah.

Tin fixait pensivement Edward et lui répondit d'une voix absente:
- Oui oui, je sais en faire d'autres. Si tu veux, je peux même te montrer comment tu vas mourir.
Il s'agissait là d'une boutade: il ne savait évidemment ni quand ni comment Edward allait trépasser. Mais ça aurait été une charmante idée de lui faire peur en le mimant à l'agonie, si possible avec effusion de sang, de la manière la plus théâtrale qui soit. Aussi le revenant prit-il l'apparence d'Edward (exercice plutôt complexe pour lui et qu'il n'affectionnait guère en général) avant de se raviser et de s'asseoir à ses côtés pour déclarer, avec la voix de l'adolescent:
- Tu sais ? En fait, j'mennuie. Tout l'temps, tout l'temps, tout l'temps. Je voulais te faire dégager parce que, à force d'être toujours tout seul, j'essaie de me convaincre que j'aime bien ça et que donc, tu me dérangeais.
Il regarda les alentours funèbres, ces hauts murs noircis, ces poutres calcinées apparentes, toutes ces maisons et ces petits immeubles éventrés, en se demandant pourquoi il faisait des confidences à cet inconnu. Il se dit que c'était sans doute parce que le brun était un jeune garçon de son âge, tout simplement.
- Mais finalement, ça m'amuse pas trop d'être méchant. J'aime bien faire peur, mais je crois que je préfèrerai que tu souris vraiment. Pas comme tu fais, là, pour me provoquer. Et au passage: ça marche pas, pauvre con, ajouta-t-il en frôlant la joue de son interlocuteur d'un geste presque affectueux.
Puis il se releva et reprit son apparence normale, avant de s'envoler très légèrement au-dessus du sol. Juste une petite lévitation.

...

Tin se sentait un peu triste, tout à coup. Sans trop savoir pourquoi. Après un long silence, il répondit d'une voix morne:
- Non, je sais pas lire l'avenir. Je suis même pas sûr que certains d'entre nous y arrive. Ca doit être possible dans la mesure où tu vois, certaines choses doivent se passer et sont inévitables. Mais c'est que des prévisions, pas la vérité.
Il fit une pause, puis ajouta:
- Si j'avais su lire l'avenir étant vivant, j'aurais essayé de prévoir comment et quand j'allais finir brûlé, tu vois. J'aurais bien aimé... éviter ça. Mourir autrement.
Il secoua la tête, reprenant ses esprits, et dit d'un ton neutre;
- Maintenant que j'suis là, j'aime bien ça. On va dire.
Il redescendit et se posa face à Edward, le regardant de ses grands yeux aux pupilles incandescentes.
- Comment tu aimerais mourir, toi ? Et quand ? Ce serait cool si t'étais mort, on aurait peut-être pu bien s'entendre, tu crois pas ? Après tout, on a le même âge...
Il fixa pensivement le brun, puis détourna la tête et dit d'un ton joueur:
- Si ça t'intéresse, je te mime la mort que tu veux.
En réalité, il se sentait assez mal maintenant.

Je m'apperçois qu'en dehors du fait que ça a mal démarré entre nous, j'apprécie assez ce gars. Il est étrangement drôle et mélancolique tout à la fois. Ma tristesse s'envole un peu. De toutes façons, j'avais pas très envie de faire semblant de mourir. Une fois ça va, mais pas deux.
C'est que ça fait presque mal.

Tin adressa à Edward un sourire espiègle, puis matérialisa une longue hâche dans sa main droite et répondit d'un air sérieux:
- Si tu veux, je te chante une berceuse et après, pouf, je te tue. Quand tu te réveilleras, je serai là à t'attendre.
Il fixa son interlocuteur d'un air faussement interrogateur, conscient de la tournure presque amicale qu'avait pris leur conversation depuis quelques minutes. Puis il fit disparaître l'horrible instrument de ses mains, réalisant que sa blague était de très mauvais goût et pouvait être assez effrayante
Il n'avait plus envie de faire peur à Edward de façon méchante.
- En fait, t'as raison. Quand on est mort, on est souvent seul. J'aimerais bien avoir un ami, un vrai. Je sais, ça fait un peu Casper comme souhait, mais bon...
Il passa une main dans ses cheveux, quelque peu nerveux.
- Si tu veux, je m'en vais. J'ai plus rien à faire là et j'ai l'air de t'emmerder avec mes histoires. J'comprends très bien que ça soit pas intéressant pour toi ce que je te raconte. Préviens-moi si demain tu meurs...
Et il s'envola très lentement, espérant (peut-être) qu'Edward le rappelle.

Okay, okay. Je SAIS que j'ai un sale caractère, un humour noir pire que douteux, et je ne dois sûrement pas inspirer beaucoup de confiance aux gens. Surtout aux vivants. MAIS est-ce que j'ai demandé à être comme ça, moi ?
J'aimerais qu'Edward reste tout le temps avec moi.

Tin redescendit timidement et se posa à côté de l'adolescent. Il ne savait pas quoi répondre à ça, mais il savait que des excuses seraient peut-être les bienvenues. Après tout, il n'avait vraiment pas été très aimable avec le vivant, ni même tout simplement gentil. Au contraire de lui, qui venait de lui dire quelque chose qui lui réchauffait le coeur, son coeur qui s'était arrêté de battre presque un an en arrière.
Il resta silencieux et immobile quelques instants, puis, se disant qu'il avait l'air d'un parfait idiot, il dit d'une voix précipitée:
- Bon, euh... Excuse-moi d'avoir été un vrai esprit enfoiré avec toi...
Il était vraiment maladroit.
- Tu sais... faut pas te forcer à me dire des trucs comme ça. La solitude, c'est... Bon, ben j'ai déjà vécu une année tout seul, alors je peux bien en passer d'autres. Simplement, ben... c'est long, l'éternité, quoi.
Il hésita, puis demanda:
- Est-ce que tu voudrais qu'on recommence sur de bonnes bases, toi et moi ? Si tu veux, je te donne un apperçu de ma mort, et toi, un apperçu de ta... vie. J'te jure, je te promets, je te ferai aucun mal. Toi non plus ?

Par quoi on commence ? En ce qui me concerne, je connais déjà la réponse à cette question. Edward, je vais commencer par te faire comprendre ce que c'est que d'être libre de tout. Je vais commencer par te faire comprendre que tu ne risques rien avec moi. Je vais commencer par te faire comprendre que je m'excuse. Je vais commencer...

- ... par l'envol.
Tin adressa à Edward un sourire engageant, puis s'expliqua:
- Tu vois, je ne t'en ai montré que l'aspect négatif. Mais voler, c'est formidable en fait. Il n'y a plus de peur du vide, tu peux tout contrôler. Tu veux voir ?
Et le jeune fantôme se rapprocha d'Edward, les bras tendus, pour venir l'enlacer très délicatement. De sorte qu'il pouvait encore refuser.

Mais je voudrais vraiment lui montrer.

Il murmura:
- Ne t'inquiète pas. Je tiens toujours mes promesses...
Et il souleva légèrement leurs deux corps du sol, à peine d'une trentaine de centimètres. Juste assez pour que le brun puisse dire non.

Je sens qu'il appréhende. C'est normal après tout. Mais tout va très bien se passer. T'inquiète pas, mon Edward.
Ahem.
"Mon" Edward ?

Perplexe, Tin relâcha un instant sa vigilence et son compagnon glissa légèrement d'entre ses bras. Mais le jeune fantôme se reprit vite et regarda le visage serein du brun. Il avait l'air étrangement invulnérable lorsqu'il avait les yeux clos. Cette vision fit sourire l'esprit. Il voulut dire quelque chose, puis se ravisa et s'éleva encore un peu plus haut.
Ils avaient dépassé les trois mètres. Le mort préférait y aller doucement, de sorte qu'Edward avait tout le loisir de lui avouer sa peur. Mais ce dernier semblait plutôt bien.
- Ca va ? T'as pas froid ? demanda Tin lorsqu'ils atteignirent la même hauteur que précédemment, mais pas dans le même but. Tu sais, plus on va monter, plus tu vas te les geler. Je crois qu'on perd un degré tous les 100 mètres. Moi, j'm'en rends pas compte, mais je pourrais pas te réchauffer. Alors dis-le moi si y'a un problème, okay ?
Il réfléchit quelques secondes, puis ajouta:
- Je vais te montrer un truc.
Et il s'allongea en l'air sur le dos, Edward par-dessus lui, puis invita le jeune homme à s'étendre. Il dut se concentrer pour être matériel et le rester, mais il y parvint, soufflant:
- Maintenant, étend tes bras.
Et il devint invisible, de sorte que le vivant, de par sa position, devait réellement avoir l'impression de voler. Le monde réel s'étendait sous ses yeux, il suffisait qu'il les baisse. Le ciel tout entier l'attendait. Il n'avait qu'à demander.

Je sais pas comment il a fait pour deviner que le porter me demandait des efforts. D'autant qu'il ne voit même pas ma tête, vu que je suis invisible. Qu'est-ce que j'ai bien pu faire pour me trahir ? J'envie les esprits qui peuvent avoir une emprise matérielle sans se concentrer comme moi en ce moment. Peut-être que quand je serai plus vieux... euh, que je serai mort depuis plus longtemps...
Bon atttends, alors si c'est comme ça, on va passer directement aux choses sérieuses.
Edward, j'espère que tu aimes la vitesse parce que moi, j'adore ça.

Le jeune fantôme redevint visible et adressa à son compagnon de vol un sourire en coin avant de dire simplement:
- T'inquiète. Je gère.
Il lui fit un léger clin d'oeil gentiment moqueur, puis referma ses bras autour du brun avant de pivoter sur le ventre, Edward toujours plaqué contre son corps, mais sous lui cette fois. Les yeux dans les yeux, il dit:
- Tu permets que je te retourne ? Pas que ça soit inconfortable, mais enfin bon... tu vois quoi, c'est un peu gênant !
Et sans attendre la réponse de l'adolescent, il le fit pivoter dos à lui et raffermit son étreinte avant de souffler tout à fait involontairement contre son cou:
- Ca te dit si j'accélère ?
Il se sentait bizarrement un peu troublé. Sans doute la position ambiguë qu'ils avaient, ainsi enlacés.

Super ! Alors, c'est parti ?

Tin eut un large sourire que le vivant ne pouvait voir, étant donné qu'il était dans ses bras, dos à lui. Mais le jeune fantôme n'y pensa même pas, et, trop content de pouvoir partager ça avec son compagnon, il accéléra la vitesse de son vol. Y allant tout d'abord progressivement, il finit par se rassurer, car si Edward ne manifestait aucune réaction de joie, du moins ne manifestait-il aucune réaction de peur non plus. Aussi finit-il par atteindre une célérité suffisante pour que le vent leur fouette le visage (façon de parler, dans son cas) et ébourriffe leurs cheveux, les emmêlant ensemble parfois. Mèches translucides contre mèches de nuit.
- Ca va toujours ? demanda joyeusement l'esprit. Tu aimes ? Parce que moi, oui !
Et, éclatant de rire, il accéléra encore avant de prendre Edward simplement par la main, fendant toujours les airs, telles deux étoiles filantes.