Epysandre acheva de retirer précautionneusement hors de sa base bombée la dernière épine du Gymnocalycium Capillaense* qu'elle avait reçu hier, avant de déposer l'excroissance aigue dans le petit flacon prévu à cet effet. La jeune fille venait de passer plus de trois heures dans l'arrière boutique en compagnie de divers instruments métalliques, occupée uniquement à remplir l'intégralité du minuscule bocal en verre des piques mous de cette variété de cactus. Elle ferma ensuite la fiole d'un petit bouchon de liège et l'étiqueta au nom de son contenu, puis se leva et revint dans l'espace commercial de son échoppe impeccablement tenue pour y déposer le fruit de son travail minutieux. Elle leva finalement les bras pour placer le récipient sur l’étagère en bois prévue à cet effet tout en prenant bien soin de respecter le classement alphabétique établi.
L’adolescente passa une main dans ses cheveux blancs et les ébouriffa machinalement, s’autorisant un bref soupir. La journée n’avait pas été des plus fructueuse, et elle s’apprêtait une fois de plus à fermer son herboristerie sans avoir engrangé suffisamment de recettes.
Etrangement, cette pensée lui fit esquisser une ébauche de sourire. Elle supposait que seul son aspect était responsable de la désertion des clients. Il est vrai que les affaires étaient beaucoup moins florissantes que du temps où son père était le gérant du magasin. Maintenant, on ne venait plus guère la voir que lorsqu’une maladie particulièrement tenace s’installait dans le corps de l'un des enfants du village, en attendant bien sûr le stade terminal du mal, le moment où ses conseils devenaient l'unique remède pouvant rétablir le petit. Seuls quelques habitués venaient encore faire leurs achats spontanément.
Il y avait bien un autre individu qui faisait office de guérisseur (Oron ou quelque chose comme ça, si l’on en croyait les rumeurs), mais il ne tenait pas de point de vente fixe et à ce qu’elle avait entendu dire, il était extrêmement difficile de le trouver. Pourtant, il lui avait fait savoir qu’il se proposait d’être son fournisseur attitré. Bien que plutôt réticente au départ (elle savait où et comment se procurer ce qu’elle voulait), elle avait fini par prendre la décision d’accepter, mais il fallait maintenant que cet être énigmatique se manifeste auprès d’elle pour qu’elle puisse lui confirmer son assentiment, car si lui savait comment la contacter, elle ne connaissait même pas son identité.
Epysandre secoua la tête et sortit dans la rue. La nuit recouvrait le village d’Hollow Crypt à une allure inquiétante et l’habituelle brume l’accompagnant venait orner le toit des habitations d’une nappe cotonneuse d’un gris perle, bien que la saison soit chaude. Une brise plutôt fraîche fit grincer l’enseigne de bois au dessus de l’entrée de l’herboristerie, et souleva les cheveux pâles de la jeune fille en une danse qui rappelait le vent dans les feuilles. Elle profita quelques minutes du crépuscule, puis rentra de nouveau à l’intérieur et jeta un coup d’œil à l’horloge ancienne située dans un coin de la pièce. On avoisinait les 19h00 et il lui fallait donc verrouiller portes et fenêtres pour signifier aux acheteurs inexistants que la boutique fermait.
Une bonne chose de faite.
L’adolescente passa une main dans ses cheveux blancs et les ébouriffa machinalement, s’autorisant un bref soupir. La journée n’avait pas été des plus fructueuse, et elle s’apprêtait une fois de plus à fermer son herboristerie sans avoir engrangé suffisamment de recettes.
Je finirai dans le caniveau, sans que quiconque se soucie de la mémoire de mon nom... C'est inévitable.
Etrangement, cette pensée lui fit esquisser une ébauche de sourire. Elle supposait que seul son aspect était responsable de la désertion des clients. Il est vrai que les affaires étaient beaucoup moins florissantes que du temps où son père était le gérant du magasin. Maintenant, on ne venait plus guère la voir que lorsqu’une maladie particulièrement tenace s’installait dans le corps de l'un des enfants du village, en attendant bien sûr le stade terminal du mal, le moment où ses conseils devenaient l'unique remède pouvant rétablir le petit. Seuls quelques habitués venaient encore faire leurs achats spontanément.
Il y avait bien un autre individu qui faisait office de guérisseur (Oron ou quelque chose comme ça, si l’on en croyait les rumeurs), mais il ne tenait pas de point de vente fixe et à ce qu’elle avait entendu dire, il était extrêmement difficile de le trouver. Pourtant, il lui avait fait savoir qu’il se proposait d’être son fournisseur attitré. Bien que plutôt réticente au départ (elle savait où et comment se procurer ce qu’elle voulait), elle avait fini par prendre la décision d’accepter, mais il fallait maintenant que cet être énigmatique se manifeste auprès d’elle pour qu’elle puisse lui confirmer son assentiment, car si lui savait comment la contacter, elle ne connaissait même pas son identité.
Epysandre secoua la tête et sortit dans la rue. La nuit recouvrait le village d’Hollow Crypt à une allure inquiétante et l’habituelle brume l’accompagnant venait orner le toit des habitations d’une nappe cotonneuse d’un gris perle, bien que la saison soit chaude. Une brise plutôt fraîche fit grincer l’enseigne de bois au dessus de l’entrée de l’herboristerie, et souleva les cheveux pâles de la jeune fille en une danse qui rappelait le vent dans les feuilles. Elle profita quelques minutes du crépuscule, puis rentra de nouveau à l’intérieur et jeta un coup d’œil à l’horloge ancienne située dans un coin de la pièce. On avoisinait les 19h00 et il lui fallait donc verrouiller portes et fenêtres pour signifier aux acheteurs inexistants que la boutique fermait.
Plus personne ne viendra.
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Dernière édition par Epysandre Brown le Mar 9 Sep - 22:11, édité 6 fois